Voilà un cas qui illustre combien l’écoute des sons du psychopéristaltisme peut être la clé du travail thérapeutique.
Serge est ingénieur. Il vient consulter parce que depuis deux ans, après la mort de sa mère, il a des symptômes corporels chaotiques pour lesquels les médecins n’ont pas d’explication.
Scientifique de haut niveau, il explore ses symptômes comme on explore un phénomène dans un laboratoire. Mais il vient désespéré, car malgré toutes ses explorations, ni lui ni les médecins ne trouvent de moyens de diminuer ses troubles handicapants. C’est un homme très maigre, la poitrine enfoncée, d’une intelligence vive et complexe, qui vit seul. Il dit avoir toujours été seul, même tout petit, se sentant comme un Martien sur la planète Terre. Lorsque le thérapeute lui demande comment est son rapport à l’autre, il répond: «L’autre? Qu’est-ce que c’est l’autre ? » Cet homme avait par ailleurs une pratique de méditation très poussée dans laquelle il accédait à des états de tranquillité et de bien-être importants. Son état peut être résumé par: un corps fou, un émotionnel atrophié, une intelligence sachant tout ramener à elle et une spiritualité non connectée au corps.
Ainsi, sa spiritualité nous était peu utile et la discussion ne pouvait pas toucher ses convictions fondamentales parce que son intelligence brillante ramenait tout dans une vision du monde déjà élaborée. L’émotionnel aurait été dangereux, il restait le corps.
Le thérapeute cherche alors, en massage, à ouvrir le psychopéristaltisme de Serge afin qu’il puisse retrouver sa capacité de régulation et digérer ses désordres somatiques et par là même psychologiques. À la première séance, le stéthoscope n’émet pas de bruit, sauf lorsque le thérapeute masse les orteils de Serge. Il y a tout d’abord quelques bruits de feu, des crépitements, qui petit à petit se fluidifient. Le thérapeute décide alors de continuer à les masser pendant vingt minutes, laissant le ventre doucement glouglouter. À la deuxième séance, les bruits ne se déclenchent que lorsque le massage se porte sur les orteils et l’arrière de la tête. Par la suite, de séance en séance, le corps se laisse apprivoiser.
Pendant les six mois qui suivent, les symptômes de Serge continuent de se manifester, mais il éprouve beaucoup de bien-être pendant les séances. Après une interruption de quinze jours due aux vacances, Serge revient en disant: «Mon corps a manqué de vos mains.» C’est un grand progrès pour cet homme qui, au départ, ne ressentait aucun besoin ni lien avec l’autre. Au bout de quelques mois, les symptômes s’atténuent pour disparaître. Serge vit alors les états de tranquillité qu’il obtient dans sa pratique spirituelle, avec un ressenti nouveau et intérieur de bien-être chaleureux et de réconfort. Puis, un jour, il sent qu’«un chemin vers l’autre est en train de s’ouvrir», car il a commencé à tisser une relation complice avec une femme rencontrée dans un groupe de méditation. Il commence alors à découvrir une ouverture du cœur qu’il n’avait jamais connue.
Extrait du livre « La psychologie biodynamique. Une thérapie qui donne la parole à son corps ». Par François Lewin et Miriam Gablier. Le courrier du livre.