Bernie fait la bouteille
Dans un groupe, le thérapeute propose l’exercice de la bouteille. Pour faire cet exercice, une personne se met debout, les yeux fermés et les pieds l’un contre l’autre, au centre d’un cercle resserré formé par quatre ou cinq personnes. On la pousse doucement et très délicatement, de l’un à l’autre, dans toutes les directions, comme une bouteille qui oscillerait sur son socle.
Bernie, petite femme menue et effacée, passe au centre. En dépit de la délicatesse et de la présence rassurante du groupe, elle se sent complètement ballottée dans un espace vide et se retrouve terrorisée. Le thérapeute demande: «Où es-tu? Quel âge as-tu?» Elle répond «Je suis dans le ventre de ma mère, c’est vide. »
Le thérapeute invite alors le groupe à se rapprocher de manière très attentionnée, jusqu’à faire en sorte que cette personne puisse ressentir le contact, puis la sécurité d’être tenue. Bernie a alors cette phrase bouleversante: «Pour vivre, j’ai dû mourir à moitié », qui traduit le dilemme qu’a subi le fœtus. Ou je survis, en sacrifiant mon expansion insouciante, ou je meurs dans cet utérus non contenant.
Cette expérience sera profondément réparatrice pour elle. Ce fut à la fois une réparation des empreintes corporelles et une prise de conscience de tous les blocages qu’elle met en œuvre dans sa vie d’adulte pour restreindre sa vie.
Extrait du livre « La psychologie biodynamique. Une thérapie qui donne la parole à son corps ». Par François Lewin et Miriam Gablier. Le courrier du livre.